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Collectif de Réflexion sur l'Inceste et les Maltraitances Systémiques

INCESTE
11 mai 2025

Si vous copiez ou vous inspirez des pages écrites par les membres du CRIMS, nous vous demandons d’y faire référence dans vos écrits et de mettre le site du CRIMS en lien dans vos ressources, ce site a été conçu pour les victimes, il est totalement gratuit d’accès et à but non lucratif, merci de le diffuser le plus largement possible.

Puzzle

Le déni, la dissociation, l’oubli.

Et les mots des autres, qui ne comprennent pas, on ne les blâme pas, en tout cas, je ne les blâme pas de n’y rien comprendre, mais si au moins ils pouvaient ne pas parler à notre place, ne pas penser à notre place et ne pas décider à notre place.

 

Le déni, la dissociation, l’oubli,

 

Ce sont des piliers dans nos vies d’enfant incestés, non que nous les vivions tous en même temps, parfois c’est l’un ou l’autre, parfois deux, ou les trois. Moi c’était deux, le déni et la dissociation, et l’éparpillement pour terminer le tableau, mais c’était lié au déni et à la dissociation.

 

Même le déni, il est compliqué de le faire comprendre. Tout est simplifié lorsque l’inceste est mis en mot par ceux qui ne l’ont pas vécu.

Simplifié, sloganisé, lissé, ce que vous pensez accessible à la compréhension, n’est qu’une torsion de nos réalités de l’inceste. Comme la reconnaissance de nos maltraitances est conditionnée au fait que l’on adhère ou non à vos discours simplistes, tout est biaisé : votre compréhension de l’inceste, la nôtre, vous nous faites perdre un temps considérable dans nos cheminements, vous nous orientez dans des fausses pistes et des culs-de-sac, nous perdons du temps sur la forme au lieu d’en gagner sur le fond.

A deux doigts de penser que le eux-contre-nous qui était mis en place par nos familles, ne s’arrête jamais en fait, est ce que l’on sera comme cela, tout notre vie contre quelque chose ou quelqu’un qui ne veut pas comprendre ?


L’inceste devient les violences sexuelles intra-familiales, l’incestuel disparait, et c’est toute notre enfance qui disparait quand vous choisissez les morceaux qui vous plaisent et qui font du sens pour vous, même s’ils n’en font aucun pour nous.

Vous choisissez les morceaux les plus simples, vous continuez d’éparpiller les autres, vous peignez en doré les morceaux simples et vous vous efforcez de nous convaincre que c’est cela notre réalité. Les questionnements sur l’inceste nous torturent, distordre nos réalités pour les faire correspondre à la vôtre ne fait que prolonger ces tortures.

 

Comment voulez-vous que l’on fasse alors que vous nous volez les mots, que vous les simplifiez, que vous décidez d’en supprimer carrément ? Alors que des mots il nous en faudrait beaucoup, beaucoup plus, pour décrire nos nuances, pour expliquer. Retirer des mots à des victimes qui ne peuvent déjà pas parler c’est tout de même cocasse.

Cela fait plusieurs années maintenant que je parle et que j’écris l’inceste, et chaque fois que je souhaite aborder un sujet, je me vois confrontée au fait de devoir d’abord tout démolir : vos discours sur nous, vos croyances sur nous, il faut constamment lutter contre ces simplifications et ces dévoiements.

 

Cela me prend 10 fois plus de temps que cela ne devrait, expliquer patiemment qu’il n’y a pas un inceste, mais des incestes (notamment adelphique, ce grand oublié) pas un déni, mais des dénis, que non, pas la dissociation mais les dissociations.

 

Tout expliquer tout le temps, tout réexpliquer, comme si l’inceste était né hier et que l’on n’avait pas encore eu le temps d’y réfléchir, comme si l’inceste n’avait jamais été suffisamment intéressant pour plancher sérieusement.

Mais non, l’inceste ce n’est pas des violences sexuelles intrafamiliales, notre enfance ce n’est pas un égrainage de viols ou d’agressions sexuelles avec du rien entre les deux. Ce n'est pas un nombre non plus, croyez vous que cela fasse une différence pour un enfant incesté, 300, 500 ou 1000 agressions ? c'est la récurrence le problème pas le nombre. Nous n'avons pas la même vie que les autres enfants, ponctuée par des viols.


Un jour un collectif féministe avait tweeté ça « l’inceste c’est le viol »

 

Bah non, non, l’inceste ce n’est pas : le viol.

 

Au choix, dans le désordre et pas tout identique pour tout le monde, il y a aussi les violences physiques, les violences psychologiques, l’isolement, le contrôle coercitif, les surveillances, le silence, le secret, le « faire comme si », le mensonge permanent, la tristesse, la solitude, pas d’oxygène, on ne respire pas.

 

Moi c’est ce que je garde de mon enfance, pas de respiration, en dette d’oxygène permanente, la tête dans un étau, et même pour exister encore moins, je m’entrainais à respirer sans faire de bruit, ou à respirer à travers un coussin sans paniquer, pas comme quand mon frère me collait mon oreiller sur le visage « pour jouer ». Peut-être que si je panique pas, si j’ai assez d’entrainement, je mourrais pas si un jour il appuie trop fort ou trop longtemps.

Les petits moments à part, à part de la surveillance, on ne profite pas tellement en fait, parce que ça a une fin, et la fin, c’est le retour à la maison. Pas sous surveillance, mais un peu quand même, ce n’était pas une respiration, c’était une petite parenthèse, en apnée.

 

L’inceste ce peut être tout cela, éparpillé, brisé, clivé, dissocié, dénié. Et nous au milieu des débris.

 

Donc non, l’inceste ce n’est pas : le viol

 

Mais nous n’avons pas les armes pour lutter contre ces discours-là, contre ces mots qui sont martelés, imposés, au marteau piqueur si possible, pour les rentrer dans nos sales caboches d’enfants cabossés.

Nous n’avons en fait que ces discours-là à portée de main, toujours les mêmes intervenants, articles après podcast, qui ne disent pas tout et surtout pas grand-chose, toujours les mêmes espoirs d'un discours pertinent, toujours déçus.

Des discours, qui oui sont certainement tenus par une pensée en France essentiellement juridique, je l’ai déjà évoqué dans d’autres textes, mais pas que, chacun pousse aussi son petit agenda, politique ou militant.

Et nous tous, seul·es, au milieu des débris

Bon je vais être honnête quand même, cela commence à changer, mais ici c’est le moment de la colère, et c’est lent, c’est beaucoup trop lent, trop long, vous êtes beaucoup trop lent à vouloir comprendre, à écouter vraiment et à vouloir voir, c’est trop long.

 

Que fait-on quand la société refuse de traiter l’inceste comme le spectre qu’il est et pas comme une définition très partielle et absolument pas représentative. Comment parler (votre obsession) lorsque l’on ne se reconnait pas dans ce que vous dites.

Chaque fois que vous faites le focus sur un seul aspect (l’on sait lequel, c’est toujours le même), la seule conséquence c’est d’éteindre toutes les autres victimes qui continuent de se taire, et pire encore qui continuent de douter, « Est-ce que c’était si grave ? Est-ce que c’était de l’inceste ? Est-ce que j’ai le droit d’en parler ? »

 

Je vous déteste de faire cela, à chaque fois, je vous déteste un peu plus, les éteignoirs.

Est-ce si difficile de respecter la pluralité de nos incestes, de ne pas gommer les nuances, de prendre en compte la complexité, et de tenter de la comprendre.

 

Quand le rapport de la CIIVISE 1 n’a consacré qu’a peine une page à : l’inceste dans les fratries, l’inceste des sœurs et l’inceste des femmes en général, que croyez-vous qu’il se soit passé pour nous ? rien en fait, l’on n’existait toujours pas.

Il y a de quoi devenir fou, de douleur et d’injustice.

Trois ans de gaspillés, pour que l’on se retrouve aussi seul·es, aussi démuni·es, aussi dénié·es qu’avant.

Le moment est passé, il y avait une opportunité de faire, d’entreprendre, de chercher, de comprendre les incestes et les incestés dans leur globalité, un moment, trois années, un gros budget et une énorme visibilité et c’est raté, gaspillé, perdu.

Nous sommes restés sur les mêmes clichés mensongers, les mêmes illusions, les mêmes discours, les mêmes dynamiques et nous retombons lentement dans l’oubli, c’était à prévoir, et cela n’a pas été prévu, parce qu’il fallait préserver des égos, une petite notoriété. Les enfants ? bof, ça passe après.

Je n’étais pas venu pour parler de cela, mais tant pis, parfois, il faut arrêter d’être polie.

Comme l’inceste que je ne pardonnerai pas, les maltraitances que je ne pardonnerai pas, l’ignorance de ma famille que je ne pardonnerai pas, et bien le ratage de la CIIVISE 1, je ne pardonnerai pas, le juge Durand, je ne pardonnerai pas, l’étalage gourmand de nos sévices pendant TROIS ANS, sur tous les plateaux télé, l’exhibitionnisme de nos traumas, l’instrumentalisation des 30000 témoignages (dont je fais partie, donc je me donne le droit de dire) je ne pardonnerai pas. Et en tout premier le plus révoltant de tout, le vol de notre parole à nous les victimes et le tapis rouge déroulé pour les mères.

Une commission entière pour les victimes d’inceste, et à qui a-t-il donné la parole en premier le juge Durand ? (oui le juge Durand puisqu’il a choisi d’incarner la CIIVISE 1 ce qu’il n’aurait surtout pas fallu faire) Bah aux parents, oui c’t’évident, la famille c’est pas du tout le problème dans l’inceste.

 

- 27 octobre 2021- premier avis de la CIIVISE 1 : À PROPOS DES MÈRES EN LUTTE.

 

Génial, super, formidable, et l’on a plus entendu qu’elles.

Le parent soi-disant protecteur systématiquement accolé à enfant-victime, il était où moi mon parent-protecteur systématiquement accolé à mon moi-enfant-victime ? ils sont ou les le-parent-protecteur de toutes les victimes qui n’en ont pas et anciennes victimes qui n’en n’ont eu aucun ?

Oh je ne dis pas, il y en a, j’en connais même, des mères vraiment protectrices, on les compte sur les doigts des mains, et était-ce vraiment l’urgence ?

 

J’y suis allé à un grand raout de la CIIVISE 1 dans les villes là, avec des mères en luttes partout, c’était violent, c’était très violent, c’était tellement violent, j’ai failli sortir, j’étais bien entourée, je n’étais pas seule, et surtout à l’époque je n’étais pas trop sensible, j’ai quand même eu la nausée et envie de sortir, c’est le problème quand on improvise des groupes de parole géants, sans cadre, sans règle et sans filet de sécurité.

 

L’effacement de toute une partie des victimes d’inceste et pas une petite partie, que la CIIVISE 1 n’a jamais considérée, pas écoutée, à peine évoquée, au rebut les victimes d’inceste inutiles.

Comment on pardonne ça ? Moi je sais pas faire, alors je fais pas.

 

Un jour que nous discutions d’inceste avec mon psy, il a dit ce mot là, le « contre-monde » (je lui ai dit, je vous le pique, c’est le meilleur des mots), pour parler de nos mondes à nous, ceux de l’inceste. C’est pour cela que nous mettons beaucoup d’énergie à tout remettre à l’endroit, mais il va falloir de votre côté faire l’effort de rentrer vraiment dans nos contre-mondes et pas essayer de les réinventer avec vos normes à l’endroit.

C’est pour cela que je dis : il faut penser l’inceste dans l’inceste

Il faut faire cet effort, de penser nos contre-mondes comme ils sont, à l’envers.

 

Pardon pour la diversion mais a un moment donné, puisqu’il faut parler, et bien je dis.

 

A l’origine je voulais parler de déni, de dissociation et d’éparpillement, alors parlons-en, et tentons d'oublier les mal-pensants et les mal-disants.

 

Je ne sais pas si certain·es parmi vous connaissent le court-métrage Le ballon rouge[1], je vous ressors le synopsis Wikipédia[2], désolée c’est une vieille référence, tout droit sortie de mon enfance, cela fait partie des souvenirs un peu doux alors profitons :

 

Ménilmontant, 1956. Le petit Pascal découvre un matin, en allant à l'école, un gros ballon rouge rempli d'hélium. En jouant avec, il se rend compte qu'il a un esprit et une volonté qui lui sont propres. Il commence à le suivre partout où il va, sans jamais s'éloigner de lui, et flottant parfois devant la fenêtre de son appartement.

(Je vous le conseille, c’est un très très joli court métrage et je vous ai mis le lien dans les ressources)

 

Mon déni à moi, il a pris cette forme-là, mon déni et mon histoire d’inceste, c’était cela, un gros ballon rouge qui faisait sa vie à côté de moi, je savais que cela existait puisque je n’ai jamais été amnésique, cela vivotait à côté de moi, de temps en temps il venait taper ma tempe, je le regardais, « ah oui tu es là c’est vrai, mais ça va, ça va », je m’interrogeais parfois aussi, parce que je savais que l’inceste, c’était grave et que normalement cela traumatise les gens. Mais moi ça allait, j’avais une vie normale, avec des amis, des études, un travail, je rigolais, et les victimes d’inceste normalement, ne rigolent pas, elles ne fonctionnent pas, et « qu’est-ce que cela m’a fait à moi l’inceste ? où c’est caché ? » et comme je n’avais pas de réponse, parce que c’était en effet bien caché, je réoubliai, enfin pas vraiment oublier, mais disons que j’étais dans ce déni-là.

 

Pas le déni que cela ait existé, mais le déni que cela ait un impact, un déni de gravité.

Même s’il y avait eu une première tentative de suicide à 15 ans et une deuxième à 20 ans, ça allait et je ne faisais pas le lien, je n’étais juste pas heureuse, mais pas déprimée donc ça allait, je n’étais juste pas douée pour la vie, les autres y arrivaient facilement, moi pas. Moi, cela ne fonctionnait pas, juste, ça allait.

 

Je ne comprenais pas parce que je n’arrivais pas à articuler l’ensemble, pas à faire de corrélations, parce que tout était éparpillé, les morceaux simples peints en doré que je ne comprenais pas, et les petits morceaux oubliés partout sous les meubles et moi toute seule au milieu, toute seule, oui et non.

 

J’étais dissociée aussi, et là encore, pas la dissociation dont on nous rebat les oreilles, celle dont on nous dit que « le cerveau déconnecte le système émotionnel, blablabla », je ne vous la refais pas, j’en ai eu de ces épisodes dissociatifs, et je fais la différence, non moi c’était une des dissociations, celle dite structurelle, celle dont personne ne parle JAMAIS alors que ça nous rendrait TELLEMENT service de savoir. (Je vous jure ce n’est pas simple en ce moment de ne pas me mettre à hululer sur tout et tout le monde, elle est là aussi notre solitude, à errer en essayant de comprendre des choses que personne n’explique, ou explique très mal, DONNEZ LES INFOS, on ira mieux).

 

Moi c’était cela, ma dissociation, une petite personne dans ma tête, une petite Carabinacitron qui s’était détachée à force de violence et d’inceste, pour me protéger, pour protéger la Carabinacitron qui devait faire semblant d’être normale, d’aller à l’école normale, d’avoir des amis normaux, et de rire normalement, comme tout le monde.

Alors la petite personne, shunte les problèmes et les émotions compliquées, pour faciliter le mensonge, et l’apparence de la normalité, elle ne shunte pas tout, c’est bien le problème pour comprendre et savoir qu’elle est là.

Elle cache l’inceste et les violences dans un coin reculé où elle se terre aussi, assise sur sa petite chaise en bois, et moi j’ai pu vivre ma vie, en tout cas, j’ai pu vivre une vie, ou des vies, un peu éparpillées, des périodes un peu sans lien les unes avec les autres.

Comme le Ballon rouge, l’on vit à côté de soi, dans la vie mais pas vraiment, un petit peu à côté, un petit peu décalé.

Et l’on morcelle, on éparpille, on dissocie l’ensemble, d’un côté, il y avait mon père violent, d’un autre cette éducation rigoriste et suffocante, d’un autre encore ma mère qui anesthésiait l’ensemble, ma vie normale et la vie à la maison, mon frère-frère et mon frère-incesteur, ma capacité de fonctionnement et mon impossibilité à la vie.

Nous n'arrivons pas à tout recoller et à voir l’ensemble, c’est compliqué si l’on n’est pas bien accompagné, c’est douloureux, prendre conscience de l’ensemble, du mécanisme de démolition qui était à l’œuvre, se dire que l’on a vécu tout ça, je ne racontais pas au début, au début de la parole, pas tout, même à mes ami·es parce que je me disais, c’est trop, personne ne croira tout ça.

 

Maintenant [que je ne suis plus dissociée] j’ai l’impression d’avoir vécu d’autres vies, comme si ce n’était pas vraiment la mienne. C’est étrange de regarder son enfance, de se souvenir de beaucoup trop de choses et qu’elles ne soient pas toutes reliées émotionnellement. "La période où j’ai fait ça, où j’étais comme ça, c’était moi déjà ?" oui c’était moi et pas moi à la fois, pas entièrement.

Parce que la petite personne, ce n’est pas quelqu’un d’autre, enfin pas complètement, c’est soi et pas soi, l’on a bien conscience que ce n’est personne d’autre que soi-même mais une fois que l’on a pris conscience de son existence, si l’on veut discuter avec, il faut bien l’identifier et l’extérioriser de soi.

C’est comme s’il y avait une partie de vous qui n’était pas en phase, d’ailleurs ce n’est pas comme si, c’est une partie de vous qui n’est pas en phase, qui surréagit ou empêche les réactions, coincée dans son soi à elle, elle continue de shunter alors qu’il n’y aurait plus tellement besoin, cela crée des tensions et des idées sombres.

Donc il faut discuter et négocier, c’est comme une guerre mais sans faire la guerre, parce que l’on n’en peut plus de se faire la guerre à soi, on est à la réconciliation, mais cela discute en face, cela résiste, surtout ma petite personne à moi, qui s’est construite dans la résistance. Cela parlemente et argumente, et cela nous renvoie toute la souffrance accumulée pour que l’on comprenne bien ce qu’il s’est passé lorsque l’on n’était pas là.

 

Nous, c’est cela que nous devons faire, reconstruire, mais pas dans le sens où ceux qui parlent à notre place le comprennent, il faut prendre les morceaux éparpillés, par nos parents, par la famille, par la société et par ceux qui parlent à notre place, et il faut construire, patiemment, remettre les morceaux ensemble pour comprendre la totalité, pour comprendre et accepter l’absurde de nos enfances.

C’est absurde l’inceste, il n’est pas question que j’y mette du sens, j’y mets suffisamment de peine, mes adelphes y mettent suffisamment de peine, et la société pas assez.

Peut-être que tout cela pourrait se résumer à cette pensée-là, l’on voudrait que quelqu’un ait de la peine pour nous, juste cela, de la peine pour nos enfances malmenées, de la peine pour nos vies compliquées, suffisamment pour se préoccuper, suffisamment pour ne plus oublier.

Cela ne me remonte pas du tout le moral de savoir que nous sommes nombreux, cela ne m’aide pas du tout à me sentir moins seule, seule à avoir de la peine pour moi-même, seul·e chacun·e à avoir de la peine pour les autres victimes. Non cela ne m’aide pas de savoir que l’on est trop nombreux et nombreuses et que la société n’en pense rien.


Alors j’écris ce que j’ai à dire, même si je sais que mes écrits n’ont pas tellement d'impact ou pas d'impact immédiat. D’ici une dizaine d’années, peut-être moins ou plus, quand à nouveau l’inceste fera les gros titres, et toute la société fera semblant de se rappeler, je refuse que vous puissiez dire « on ne savait pas, on ne se rendait pas compte, on ne nous avait pas dit ».

C’est là, j'ai dit, et si vous avez refusé de lire ou pas fait attention, ce n’est plus tellement mon problème.

[1] Le ballon rouge - 1956 - réalisé, écrit et produit par Albert Lamorisse

https://www.youtube.com/watch?v=zPXOGPc2boY


[2] Le ballon rouge

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Ballon_rouge

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